La vie rêvée des ânes

Quelle belle journée aujourd'hui !

À attendre le bus ce matin, vu la couverture de manteau neigeux recouvrant à la fois les trottoirs et les routes, je savais que je n'aurais pas à inventer de mauvaises excuses pour mon retard du jour (pour une fois !) puisque tout le monde aura forcément galéré pour arriver.

Et puis, ce blanc quasi-uniforme me met en joie (et avoir "uniforme" et "joie" dans la même phrase est assez rare pour être souligné). Les sons semblent s'amortir dans le demi-centimètre de poudre qui porte déjà la marque de mes chaussures (marque qui est écrite à l'envers, je m'étonne de constater que les marketeurs n'ont pas songé à ça). Les conducteurs roulant pourtant au pas ne semblent pas aussi énervés que d'habitude et osent à peine klaxonner.

Les arbres, les plantes, les véhicules garés arborent tous une couche plus ou moins épaisse, plus ou moins dense, de cette mousse que déjà des enfants (mais pas que, mais pas qu'eux) désagrègent pour la reconstituer sous une autre forme plus sphérique et qui finit sa course sur les manteaux les moins agiles. Quelques traces au sol révèlent aussi des passages canins et aviens, sûrement un peu déconcertés par ce qui reste inhabituel en plein Paris.

Et là au milieu de toutes ces sensations agréables de douceur, de jeu et d'extraordinaire, je ne peux m'empêcher de penser : "mais bon sang, pourquoi n'ai-je pas pris mon appareil photo numérique ce matin !?"