La vie rêvée des ânes

Aujourd'hui je suis resté tranquille à ne rien faire, et du coup j'ai regardé la télé. Et en particulier les Jeux Zolympiques.

Les commentateurs sont toujours aussi chauvins et préférent s'intéresser aux séries d'un sport méconnu, pour peu qu'un français soit présent, plutôt qu'à la finale (si ledit français n'a pas réussi à se qualifier pour ladite finale).

Et ces mêmes commentateurs de se lamenter sur les mauvais résultats des sportifs hexagonaux avant de lancer la pub. Avant le retour en plateau, d'autres pubs sous la forme de sponsor annoncent le retour des directs : "Haribo fournisseur officiel de l'équipe de France", "Brossard fournisseur officiel de l'équipe de France". Des bonbons et des gâteaux. J'en mange depuis tout petit et j'ai toujours été très mauvais en éducation physique. Visiblement il n'y a pas qu'à moi que ces produits font cet effet-là.

Vous vous souvenez quand j'ai dit que j'avais le sens de l'humour ?
Ben c'était une blague...

Non allez je plaisante.

Il y a quelques temps/semaines/mois/années je suis tombé sur une pub pour une banque (ou quelque chose dans le genre) qui disait en substance "deux nouveaux clients sur trois viennent à cause du bouche-à-oreille". Voilà, je trouvais ca très modeste quand même de la part de l'agence de pub de reconnaître qu'ils ne servaient pas à grand chose. Mais d'un autre côté, cette nouvelle campagne de pub risque de changer les choses. Et si elle donne de bons résultats, ca sera grâce au bouche à oreille ? ou à la pub ?

Vu sur une pub dans un journal gratuit : un PC pour 999 EUR (2000 pièces)

Il y a quelques temps j'entendais la voix de Laurent Voulzy sortir de la radio pour me vanter les joies d'un voyage en Guadeloupe. Ou en Martinique. Je dois vous avouer que j'ai toujours confondu les deux. Je ne sais pas pourquoi d'ailleurs.

Encore une fois j'ai eu affaire aux "gens".

Ces gens-là étaient plutôt jeunes et souriants, mais un détail gâchait tout:
ils distribuaient des tracts, que mon oeil curieux avait vite identifié comme vantant les mérites d'un organisme de banque/crédit. J'ai déjà vu les pubs à la télé, c'est bon, je connais, ca ne m'intéresse pas.

Bref, là, je vois deux attitudes possibles (il y en a peut-être d'autres mais je ne les ai pas identifiées, et sans doute sont-elles moins simples, voire impliquant une communication avec ces "gens"):
1 - je prends le tract pour le jeter dans la prochaine corbeille que je croiserai
2 - je montre que je ne suis pas intéressé et ne prends pas le tract

Comment choisir entre ces deux attitudes ? Eh bien simplement, il suffit de voir les conséquences.
D'abord, à court terme, le tract va m'embarasser, donc je ne le prends pas, logique.
A moyen terme, et si d'autres choisissent comme moi la solution 2, la jeune personne qui distribue les tracts va se retrouver au chômage, n'ayant pas atteint son objectif de distribuer 1000 tracts en une heure. Le coût de la solution 1 est assez faible comparé à avoir sur la conscience d'être responsable de la perte de revenu d'un de mes congénères. J'améliore a priori ainsi son bonheur, je suis un saint :)
A long terme, si je choisis la solution 1, eh bien les marketteurs vont continuer à penser que c'est une bonne méthode de communication. De telles opérations vont se multiplier, les rues seront jonchées de tracts s'envolant de corbeilles ne parvenant plus à contenir le flot incessant d'ajouts de ces papiers.
A très long terme, l'univers explosera et l'humanité disparaîtra, donc les deux solutions se valent de ce point de vue ;)

Bon, j'ai finalement choisi l'attitude 2. Et plus à cause des conséquences à court terme qu'à long terme. Je voulais juste trouver une manière digne de me justifier ;)

C'est incroyable comme le hasard peut totalement changer le cours d'une journée.

(Ce n'était pas aujourd'hui. Mais aujourd'hui il m'est arrivé quelque chose qui m'a rappelé quelque chose qui vous est peut-être aussi arrivé)

Par exemple, vous vous promenez tranquillement dans la rue, et tout à coup, un inconnu vous offre des fleurs. Euh, non, c'est pas ça, quoique je me demande vraiment comment je réagirais dans une telle situation. Donc, un inconnu, sans doute un étudiant en mal de petit boulot, vous distribue un tract. Voilà, avec ca vous pouvez avoir une boisson gratuite pour un menu acheté, quelque chose dans ce genre-là. Bon, l'opération marketing courante, quoi. Je ne me sens pas plus concerné que ca (si je ne vais pas dans cette chaîne, ce n'est pas que je trouve que c'est trop cher, mais parce que je n'aime pas le goût). Un peu comme dans cette histoire, j'ai une petite pensée pour ce papier gâché, tout en croyant me souvenir avoir entendu dire que ce n'est pas à cause de ce papier qu'existe vraiment le problème de la déforestation dans les forêts vierges.

Mais, oh, que vois-je, ce n'est pas tout. Ce tract est particulier, il y a une petite case recouverte de... tiens, je ne sais pas trop ce que c'est que cette matière, mais on reconnaît facilement que c'est un endroit pour gratter. D'ailleurs si je lis un peu mieux le tract, je vois qu'il y a effectivement un grand concours, si je gratte et que je découvre le mot "gagné", eh bien ca voudra dire que j'ai, euh, ben, gagné. Un voyage aux Caraïbes. Enfin c'est le premier prix. Sinon en consolation on peut avoir un lecteur de DVD, ou des ciseaux à ongles. Peu importe en fait.

Ciseaux à ongles ? Ah oui, pas terribles les ongles pour gratter la case, en fait. Ils sont tout sales après, berk ! J'attends un peu d'être arrivé à un endroit où je dois attendre (un quai de métro, un arrêt de bus), je m'isole un tout petit peu, je sors une petite pièce de monnaie, et je GRATTE !

Et là, forcément, je gagne, je vais pouvoir partir un peu aux Caraïbes (il doit bien me rester quelques RTT). Ah, les Caraïbes ! Euh, mais c'est où déjà, ca, les Caraïbes.
Bon, mais voilà qu'un petit détail attire mon attention. Ils ont fait une grosse faute d'orthographe. Plusieurs, même, en fait. Ils ont écrit comme ca: "désolé, vous avez perdu !". Drôle de formule pour me féliciter, me dis-je.
Le doute commence un peu à m'étreindre (c'est bien le seul ;p ).

Mais, mais, et si ca voulait dire que je n'ai pas gagné ? Oh, non ! Mais je m'y voyais, moi, aux Caraïbes ! Alors quoi? Eh bien non, je n'ai pas gagné. J'ai perdu. Encore une fois. Je suis un perdant né, d'ailleurs, je ne gagne jamais aux jeux de hasard.

Enfin bref, voilà, c'est toujours comme ca. J'étais tranquille, j'étais peinard, et puis on me fait miroiter des tas de trucs super, je suis à un doigt de les avoir, il suffit que je gratte une petite case, et hop ! Mais non, pas hop. Je n'étais rien et je suis devenu un perdant, par le miracle d'une forme de marketing qui fait un heureux pour des millions de malheureux. Comme le loto ?

Comme le loto, sauf que le loto, on choisit d'y jouer. On paye pour y jouer. A partir du moment où j'ai accepté le tract (à bas les étudiants et leurs petits boulots!), j'étais coincé. Si je ne gratte pas, je ne suis pas un perdant, mais je risque de passer à côté d'un gros lot. Alors que ca ne me coûterait rien. Simplement de gratter une case. Donc je gratte, et je perds.

Bon, c'est vrai, je ne le méritais pas, ce voyage, mais je ne méritai pas non plus d'être désigné perdant comme ca. Je regrette de ne pas fréquenter la chaîne en question, j'aurais pu la boycotter.

Je suis en train de lire un petite page (ici traitant du placébo. Ce sujet m'a toujours un peu intrigué, et c'est bien d'en savoir plus.

Tout d'abord, l'article présente la manière expérimentale grâce à laquelle on peut déterminer à quel niveau un médicament agit par ses effets thérapeutiques ou bien par effet placebo.

D'ailleurs revenons aux définitions, celle de Pierre Pichot par exemple : "l'effet placebo est, lors de l'administration d'une drogue active, la différence entre la modification constatée et celle imputable à l'action pharmacologique de la drogue."

Lorsqu'on veut comparer l'effet vraiment dû au médicament à l'effet placebo, il faut que les conditions soient exactement les mêmes : le médecin qui l'administre et le patient qui le prend doivent tous deux croire qu'il s'agit du vrai médicament, et le substitut doit être d'aspect et de goût semblable au vrai médicament.

C'est à partir de certains de ces tests qu'on s'est rendu compte que l'aspect avait un rôle non négligeable dans le pouvoir "psychologique" de guérison. "Une étude de Buckalew a montré que les sujets attendent une efficacité plus grande d'une gélule que d'un comprimé, plus la gélule est grosse plus le sujet pense qu'elle sera efficace et que la couleur joue un rôle puisque la couleur blanche est associée au traitement de la douleur, la couleur orange et jaune à un effet psychostimulant , la couleur lavande à un effet hallucinogène, alors que la couleur grise n'évoque rien "

L'apparence des choses joue donc un rôle primordial dans notre vie. C'est le cas pour l'opinion qu'on peut avoir sur les gens. Ce n'est pas très glorieux, mais c'est assez logique, nous sommes (malheureusement) bourrés de préjugés. Cela influe aussi beaucoup sur les produits qu'on achètera, bon, nous sommes beaucoup trop influençables. Mais cela a donc un effet très fort aussi sur notre santé.

La conclusion que je veux en tirer ? Eh bien, c'est qu'il vaut mieux croire qu'un médicament marchera, avoir confiance. En effet, il y a beaucoup plus de chances que son effet soit positif si on lui fait confiance. (quoique c'est faux pour les septicémies !) Voilà enfin une raison d'être optimiste :)

En pratique, je ne me porte pas toujours comme un âne de Buridan, car, pour faire écho à d'autres choses dites ici, le "packaging" pour prendre un terme marketing, enfin la présentation pour parler français, m'influence beaucoup.

L'anecdote exemplaire du jour, pas spécialement intéressante mais vraie : dans le métro passent, malheureusement pour eux et pour moi, de nombreuses personnes sollicitant la générosité des voyageurs pour arriver vaguement à survivre dans nos villes inhumaines.
Le premier qui passe est grand et maigre, il débite son texte sur un ton à la fois monocorde et suffisamment peu aimable pour ne pas inciter les gens à vouloir l'aider. Il passe rapidement plusieurs fois d'un bout à l'autre de la rame, on sent qu'il n'y croit pas du tout. Moi je fais comme tout le monde (oui, en plsus d'âne de Buridan, j'ai aussi un gros côté mouton de Panurge), je ne donne rien !

Un peu plus tard, après une correspondance, je croise maintenant le chemin d'un autre quémandeur. Mais celui-là est installé au milieu de la rame, avec juste une guitare (oui, parce que les musiciens du métro qui utilisent un ampli, j'ai du mal à les supporter, surtout quand je suis juste à côté de l'ampli), et il chante No woman no cry tout en souriant à tout le monde. J'ai regardé ce que j'avais comme monnaie, et lorsqu'il est passé à côté de moi je lui ai donné une p'tite pièce.

Voilà comment je suis, et j'imagine la plupart des gens aussi : alors qu'en fait les deux personnes que j'ai vues étaient dans le besoin, j'ai préféré celui qui sait chanter et garder espoir plutôt que celui qui ne se fait plus d'illusion. Je m'arrête à l'apparence, je ne "juge" aucun des deux, mais lorsqu'il s'agit simplement d'aider un peu, je choisis celui qui me semble le plus "sympa".

Le pire c'est que je n'ai aucune conclusion à apporter à tout ca, juste un constat.

Argh ! Pas de Culture Pub ce soir ! Bon, ca me laisse un peu de temps pour vous parler d'un livre que je n'ai pas acheté : sociologie du packaging, ou l'âne de Buridan face au marché, écrit par Franck COCHOY (et publié aux Presses Universitaires de France).


J'ai été très amusé en trouvant par hasard ce livre sur le présentoir d'un supermarché du livre parisien, alors que j'étais parti dans l'unique but de m'acheter le tome 7 du Phoenix, d'Osamu Tezuka, que jamais je ne trouva. Tiens, en parlant de japanismes, le dernier film de Miyazaki, Le voyage de Chihiro, qui sortira en France le 10 avril (enfin faut espérer, sa sortie a déjà été reportée deux fois) vient de recevoir l'Ours d'Or du festival de Berlin !

"Bon, mais ce livre, hein" me direz-vous avec raison, tant son titre devrait m'attirer ainsi que son sujet. Eh bien, à vrai dire, hum, je ne l'ai pas acheté, juste feuilleté quelques secondes. L'idée principale semble être que pour le consommateur, les produits apparaissent a priori assez identiques. Il n'a donc pas de moyen de choisir entre deux objets indiscernables. Roulement de tambours ! Heureusement, le packaging est là, et permet de ne pas rester coincé entre deux paquets de lessive et de réussir à en choisir un ! Le problème de l'âne de Buridan est donc réglé.

Ah... Voilà, je pense que je vais bientôt pouvoir devenir journaliste : j'arrive très bien à parler d'un livre que je n'ai pas lu ! Hmm... Bon, il me reste quelques vagues idées venant d'un reste de "conscience" qui me dit que cela ne se fait pas, mais si j'avais vraiment lu le livre, mon avis aurait pu vous influencer pour le lire ou ne pas le lire. Or je tiens à laisser les gens libres de leurs choix :)

En fait, si, il faut l'acheter. Rien que pour le détournement Wahrolien de la couverture, ca doit valoir le coup ! :D

Le marketing direct, c'est quand même quelque chose de très intéressant.

Envoyer un courrier (un vrai, par la poste, pas par email) à plusieurs centaines, voire milliers de personnes, ça doit quand même coûter assez cher aux entreprises qui font ça. On peut donc penser qu'elles font
un minimum de recherches avant d'envoyer ces courriers.

Alors qui pourra m'expliquer comment je me retrouve dans les listings de certaines sociétés qui a priori ne me concernent pas directement.

Deux exemples récents:
- on me propose une croisière ! 12 jours en Birmanie, ou bien 13 jours au Vietnam pour seulement... hmm... 2453,43 € (oh, j'ai la touche Euro :) ). Ceux qui me proposent ca ? Les croisières Notre Temps. Bon, d'habitude j'essaie de ne pas trop avoir de préjugés, mais c'est vrai que Notre Temps est considéré comme s'adressant à une clientèle assez âgée (et visiblement aisée !) De toutes façons je n'ai pas vraiment le temps ou l'argent pour faire ca.

- il y a quelques jours, on ne me propose rien de trop cher, d'ailleurs c'est même un cadeau ! J'ai droit à une épilation demi-jambes gratuite ! Hmm... oui... quitte à me faire épiler, autant faire les jambes en entier non ? ;) En lisant mieux, je m'aperçois que je peux aussi avoir droit à des réductions sur des cures minceur ! Alors là je le prends mal, qu'ils me traitent de gros pendant qu'ils y sont ! Pour la peine je vais manger quelques tablettes de choco :)