La vie rêvée des ânes

Il y a quelques jours, Prost Grand Prix, écurie française de Formule 1, déposait son bilan. Une ancienne star du tennis remet ça (encore une pub...) pour Danette. Et c'est bientôt la Coupe du Monde de foot ! J'en profite pour me souvenir de mes idoles d'enfant sage.

Oui, j'avoue, sans trop de honte, avoir soutenu, avec un chauvinisme déconcertant et une absence quasi-totale d'esprit critique, ces trois étoiles du sport français des années 80. Aujourd'hui leur image m'apparait sans doute
un peu moins bonne (la candeur a laissé place à un côté plus désabusé) mais les souvenirs restent.

Michel Platini. De mémoire me souffle automatiquement qu'il est né à Joeuf (Meurthe-et-Moselle) le 21 juin 1955. Je pense que je devais être vraiment incollable il y a quinze ans sur tout son parcours, sa carrière. Aujourd'hui, des tas de souvenirs sont encore là : son incroyable performance lors du Championnat d'Europe 1984, offrant enfin à la France un succès en football : marquant lors de chaque match un but décisif. Les deux coupes du Monde qui, malgré des excellentes 4e et 3e places, demeureront toujours des oeuvres inachevées. Même après sa carrière de joueur, ses débuts d'entraîneur font nourrir de grands espoirs lors des qualifications pour l'Euro 1992... mais l'échec prématur lors de cette compétition met fin à ses activités.

Quelques années plus tard, on le retrouve en organisateur de la Coupe du Monde en France, et il est un des dirigeants de la FIFA. Il a bien grossi (ahlala, les dîners d'affaire), est toujours très bien habillé (costume trois pièces), et j'ai l'impression qu'il se prend effectivement pour le personnage important qu'il est sans doute. De même que je pense qu'il était conscient d'être un joueur au talent exceptionnel, mais au moins à l'époque il nous faisait rêver. Aujourd'hui ce n'est plus vraiment le cas. Cependant, il n'est sans doute pas étranger au fait que le football français ait à la fois acquis une bonne réputation et un haut niveau.


Alain Prost. Avant d'arriver en Formule 1, il avait d'abord remporté de nombreux titres en karting et différentes "Formules". Talentueux et volontaire, il doit son surnom de "Professeur" à sa science de la course, qui rendaient parfois les courses ennuyeuses et manquant de dépassement (vers la fin de sa carrière en tout cas). Mais il ne faudrait pas oublier certains de ses coups d'éclat, comme ces grands prix où, parti de la dernière place, et remontant tour après tour ses adversaires, la victoire finissait par sourire. Ses grands duels avec Arnoux, Lauda, et surtout le brûlant Ayrton Senna. Alain Prost a toujours connu des relations difficiles avec tous ses coéquipiers, et son nez cassé est aussi une marque d'un "malentendu" avec un de ses adversaires.

Aujourd'hui, après s'être fâché, en tant que patron d'écurie, avec entre autres Peugeot et même Jean Alesi, l'absence de résultats ne lui permet pas de rester dans la course. Cette saison, Renault va revenir en formule 1, Olivier Panis est un talentueux pilote, mais il est difficile de voir quel est le véritable héritage de Prost...


Yannick Noah. Je me souviens qu'on riait d'une blague qui disait que Noah était français quand il gagnait, mais redevenait camerounais lorsqu'il perdait. Malheureusement il me semble qu'il était beaucoup plus souvent camerounais que français. Il reste Roland-Garros 1983, évidemment, en tant que joueur. Et puis la coupe Davis, en 1991, et aussi en 1996, comme entraîneur ! Je me souviens aussi (un peu) de sa descente aux Enfers, juste après sa grande victoire, vers 1983-84 donc, principalement car je ne comprenais pas bien à l'époque : comment le succès pouvait-il être à ce point insupportable ?

Aujourd'hui, il semble que sa principale activité soit la chanson. Mais cela n'a pas trop d'importance. Ce qui compte, c'est qu'il est vraiment heureux et épanoui, il fait ce qu'il a envie de faire, il prend plaisir à vivre. En tout cas c'est l'image qu'il transmet, et qui je l'espère est vraie. Même les nombreuses publicités, compromissions mercantiles, que pour un autre je jugerais excessives, ont l'air de glisser sur lui. Fini les soucis et les problèmes. Côté tennis, la relève n'est pas trop mal: Pioline, Grosjean, Escudé, Clément... et Forget en capitaine de coupe Davis, ont connu le succès.

Moi. A l'époque j'avais des bonnes notes en classe, sauf en sport que je préférais regarder à la télé ;p
Aujourd'hui, je m'intéresse beaucoup moins à ces puériles activités. Parce que je me suis enfin rendu compte qu'il s'agit en fait plus d'un monde de magouilles et de mesquineries ? Pas seulement. C'est surtout que mes idoles sont parties. Oh, Zidane a un talent immense et une réserve qui font que je l'apprécie beaucoup. La domination de Michael Schumacher est grande, et le personnage manque de sympathie (je suis certain que l'homme est très bien). Et cela fait bien longtemps qu'un match de tennis ne m'a enflammé...