La vie rêvée des ânes

Le concert est presque terminé, c'est le troisième rappel.

Après 5 minutes d'applaudissements et de cris, le chanteur revient enfin, seul cette fois. Il vient se placer, après avoir fendu la foule (entouré par ses gorilles), sur une minuscule scène qui vient d'apparaître au milieu même de la salle.

Il prend un micro et commencer à s'adresser au public, pour lui demander de rester silencieux, car il souhaite interpréter cette dernière chanson a cappella. Puis il pose son micro et, même si les premières paroles sont masquées par le brouhaha des derniers indisciplinés, qui s'éteint heureusement rapidement.

Quelques cris de joie irréprimés fusent encore, mais surtout, petit à petit, on entend des milliers de cordes vocales accompagner l'artiste. Faiblement, pour ne pas trop le gêner, un peu à la manière d'un e berceuse, d'une prière. Cette chanson, ils la connaissent tous,
forcément, c'est le plus grand tube du chanteur, et aussi celle qui l'a révélé ; c'était il y a (déjà) plus de vingt ans !

À la fin de la chanson (et donc du concert) c'est une ovation extraordinaire. Après plus de deux heures d'un spectacle qui a mobilisé des centaines de techniciens, qui a rassemblé des dizaines de musiciens, où une demi-douzaine de guest stars amies sont venues le temps d'un duo, et pour lequel des effets pyrotechniques éblouissants ont été mis en oeuvre, c'est finalement lorsqu'il se retrouve seul, sans instrument, et ignorant les deux cents chansons qui ont suivi sa percée initiale que le chanteur est le plus acclamé.

C'est un peu à se demander si tout le reste a servi à grand chose...